Bien le bonjour à vous, lecteurs, lectrices ! Aujourd’hui, j’ai envie d’écrire à propos d’un livre que j’ai lu il y a quelque temps maintenant : « Éloge de l’ombre » de Junichirô Tanizaki.
Comme vous vous y attendez sûrement au vu du titre ce livre fait allègrement éloge de l’ombre dans la société japonaise. En revanche, le livre m’avait été présenté comme un livre d’architecture à la base, mais il ne s’y attache que dans une première partie. En réalité, il s’agit d’une ode à l’ombre de manières générale et non uniquement appliquée à l’architecture. En somme, vous y trouverez une première partie sur l’architecture comme je l’ai dit précédemment avec une attention particulière portée à l’agencement des pièces, des objets, au mariage entre les matériaux constituants d’une habitantation ou encore à la forme des objets eux-mêmes.
Ce que je trouve particulièrement intéressant dans ce livre c’est qu’on y apprend que la culture de l’ombre est profonde et sert toujours à quelque chose (exemple : provoquer une émotion ou un sentiment, donner de la profondeur une pièce, utiliser l’habile contraste entre l’ombre et la lumière pour magnifier la blancheur/brillance d’un individu ou d’un objet, etc.). Cependant, comme je l’ai dit plus tôt, l’auteur ne s’y attarde qu’au début puisqu’il enchaîne par la suite sur des points culturels précis comme les spectacles (kabuki, nô, marionnettes).
Dans un tel cas, l’auteur nous dit que l’ombre sert à gommer les défauts, sublimer des zones et couleurs précises, mais surtout à donner de la vie supplémentaire qu’on ne trouve pas avec un éclairage trop prononcé. Ce jeu d’ombre est d’ailleurs intéressant pour faire ressortir des couleurs vives dans les spectacles de nô comme le flamboiement des lèvres ou encore pour porter la vue sur une zone précise comme le visage ou les mains (qui restent à découvert la plupart du temps).
Par la suite et dans ce que je me souviens être une dernière partie, l’auteur veut absolument mettre en avant le contraste omniprésent entre japonais et occidentaux. D’ailleurs, à la lecture de cette œuvre, je n’ai pas pu m’empêcher de croire (à tort ou à raison) que l’auteur avait une « rancune » à l’égard des Occidentaux. En somme, les comparaisons qu’ils utilisent servent presque toujours à montrer que les Occidentaux sont dans l’excès permanent (exemple : avancement à tout prix, évolution technologique fortement encouragée au détriment de sentiments/sensations voire de la culture, la mise en avant d’un aspect de blancheur et brillance exacerbé, etc.). En fait les occidentaux représentent un peu la culture du « trop » de « l’inarrêtable » alors que les Japonais représentent la culture de la lenteur, de la richesse dans la pauvreté ou encore de la contemplation (sous-entendu s’arrêter et observer). C’est le contraste entre l’ombre et la lumière dépeint dans un exemple par la surabondance de luminosité qui empêche de regarder le clair de lune de la pleine lune. Un autre exemple utilisé était la volonté d’avoir une argenterie laquée et brillante chez les Occidentaux alors que les Japonais apprécient le vieillissement et l’obscurcissement des choses, des objets du quotidien (c’est d’ailleurs ce qu’ils appellent le lustre de la main).
Enfin, tout cela pour dire que j’ai trouvé le livre intéressant, de même que le point de vue de l’auteur même si je ne le partage pas toujours (j’ai même parfois du même à le comprendre). Grâce à cette œuvre, j’ai à présent une nouvelle vision de la culture japonaise, de leur façon de faire, de construire ou de mettre en avant. Je sens qu’après cette lecture je porte une plus grande attention à des choses qui peuvent sembler banales au premier abord, notamment en ce qui concerne l’ombre née d’un agencement particulier et son utilité.
À bientôt !